Peintre très soucieux du détail authentique, il s'inscrit dans le mouvement de réalisme historique, qui apparaît dans les arts plastiques sous le Second Empire. Couvert d'honneurs, il siège à l'Académie des beaux-Arts et préside de nombreux jurys nationaux ou internationaux.
le liseur blanc
Même si Proust et Maupassant
le tenaient pour leur peintre préféré, l'absence de spontanéité et de
vie dans ses oeuvres est relevée par la critique posthume qui le met en « enfer » avec le mot cruel de Degas à propos de ses tableaux de bataille : « Il n'y a que les cuirasses qui ne soient pas en fer », ou celui de Baudelaire le qualifiant de « géant des nains » en faisant allusion à ceux auxquels on accolait le terme de « pompiers » (les Gervex, Carolus-Duran et autres Detaille…) .
Biographie
Meissonier, quatrième enfant d'un commerçant lyonnais, fait preuve d'un talent certain pour le dessin. Adolescent, il dessine des têtes au fusain et à l'estompe chez Antoine-Julien Potier. Il quitte à 17 ans sa ville natale et entre dans l'atelier du peintre Léon Cogniet où il apprend à peindre. Il assiste notamment à la préparation de la peinture d'un plafond pour le musée du Louvre représentant l'Expédition d'Égypte, une reconstitution historique qui lui permet d'avoir ses premiers contacts avec la peinture militaire.Meissonier débute au Salon de 1834. Il est successivement peintre d'éventails et d'images pieuses pour les éditeurs de la rue Saint-Jacques, puis s'essaie à l'illustration avec talent pour l'éditeur Curmer, avec notamment la publication de Paul et Virginie et de La Chaumière indienne de Bernardin de Saint-Pierre. Ses amis de l'époque sont Honoré Daumier et Charles-François Daubigny.
Ernest Meissonier commence sa carrière de peintre dans un registre plus classique, avec des scènes de genre dépeignant la vie quotidienne au XVIIe ou au XVIIIe siècle : joueurs de cartes, joueurs d'échecs, homme attendant à sa fenêtre, fumeur, joueurs de boules. Il obtient un succès grandissant, à tel point qu'on en vient même à le comparer aux maîtres flamands auxquels il est d'ailleurs lui-même fort attaché.
Mais c'est en peignant des scènes militaires que l'artiste obtient les honneurs officiels (officier de la Légion d'honneur en 1856, commandeur en 1867). Il est élu membre de l'Académie des beaux-arts en 1861. Parmi ses tableaux historiques, on peut citer l'Apothéose impériale, la Retraite de Russie, les Cuirassiers à Waterloo.
Messonier applique systématiquement la même méticulosité d'historien dans tout le travail préparatoire de ses œuvres, ce qui fait de lui une référence en matière d'uniformologie.
En 1886, ce peintre prolifique avait à son actif quelque quatre cents tableaux.
L’œuvre
Peinture de Meissonier : 1814, la Campagne de France : Napoléon et son état-major derrière lui; de gauche à droite, Ney (manteau sur les épaules), Berthier, Flahaut; derrière Ney, un inconnu tombant de fatigue, puis Drouot et, derrière Flahaut, peut-être Gourgaud.
Il appartient au courant artistique académique dit aussi « pompier ». Il est considéré de son vivant comme un des plus grands maîtres de la peinture contemporaine. Connu pour ses scènes de genre militaires napoléoniennes (réalisées sous le Second Empire), Meissonier a eu en son temps gloire et honneurs, mais aussi des critiques virulentes. Ses peintures sont les plus chères qui se soient vendues du vivant de l'artiste au XIXe siècle, ainsi entre 1884 et 1890 pouvait-t-il vendre certains de ces tableaux entre 100 000 et près de 200 000 francs de l'époque.
Une de ses œuvres les plus connues est le tableau intitulé Campagne de France, 1814. D'un petit format assez inhabituel pour une peinture d'histoire militaire, ce tableau témoigne de son savoir-faire habile et minutieux. Malgré les dimensions réduites, la vaste étendue de la plaine désolée et le lourd ciel gris donnent de l'ampleur à la scène, tout comme la perspective dilatée autour de la figure centrale de l'Empereur, magnifié par un point de vue en léger contrebas. Les moindres détails sont restitués avec minutie. Le directeur de l'École des beaux-arts, Charles Blanc, disait d'ailleurs de Meissonier qu'il « peignait grandement en petit ».
Le public découvre son activité de sculpteur après sa mort. Ses statuettes modelées en cire lui servaient à la préparation de ses tableaux.
En 1890, Meissonier participe, avec Pierre Puvis de Chavannes, Carolus-Duran, Félix Bracquemond, Jules Dalou, Auguste Rodin et Carrier-Belleuse, à la refondation de la Société nationale des beaux-arts. Il est élu président, avec Dalou comme vice-président. Cette société recommençe à organiser des expositions annuelles au Salon du Champ-de-Mars, traditionnellement une quinzaine après l’officiel Salon des Champs-Élysées, organisé par la Société des artistes français. Quand il meurt l’année suivante, Pierre Puvis de Chavannes lui succède avec Auguste Rodin comme vice-président.
Il est inhumé à Poissy, où il vécut à partir de 1846 et dont il fut maire.
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