07 mars 2015

mon musée imaginaire : Diego Velásquez

Portrait du pape Innocent X


L'histoire

La toile fut réalisée durant le second voyage en Italie de Velázquez, entre le début 1649 et la mi-1651. Toute la documentation indique que le Pape posa pour Velázquez en août 1650. Le cadre est signé sur un papier tenu par le souverain pontife, où on lit «Alla santa di Nro Sigre / Innocencio Xº / Per / Diego de Silva / Velázquez dela Ca / mera di S. Mte Cattca»
Le Pape posa pour le peintre car il était conscient de sa valeur, ils s'étaient connus en 1625 lors d'un voyage à Madrid alors qu'Innoncent X était nonce apostolique.
En même temps que cette toile, Velázquez réalisa des portraits de formats réduits de personnages proches d'Innoncent X, dont son barbier, mais aucun d'eux n'est daté si bien qu'ils pourraient être postérieurs à celui du Pape. Deux de ces portraits sont conservés. L'un par l'Hispanic Society de New-York et 'autre par le palais deKingston Lacy (Portrait de Camillo Massimi). Le barbier d'Innocent X fut acheté par le musée du Prado récemment. On raconte que lorsque le Pape vit la toile achevée, il s'exclama un peu déconcerté : «Troppo vero!» (trop vrai), bien qu'il n'eût pu nier sa propre qualité. Le Pape remercia Velázquez d'une médaille et d'une chaîne en or, qui figuraient dans les biens du peintre à sa mort.
Le cadre est resté en possession de la même famille depuis qu'il a été peint : la famille Pamphili, puis Doria-Pamphili, après un mariage. Le peintre Joshua Reynoldsen fit l'éloge comme « le meilleur portrait de tout Rome », et un critique commenta « à côté il y a une Vierge de Guido Reni, qui en comparaison semble être un parchemin ». L'historien Hippolyte Taine considéra ce portrait comme « l'œuvre maîtresse de tous les portraits [...] une fois vu, il est impossible de l'oublier ».

La technique

Un des dons de Velázquez était sa capacité à pénétrer psychologiquement les personnes pour faire ressortir les aspects occultes de leur personnalité. Bien que ses portraits soient réputés « mélancolique et sévères » pour le goût contemporain, ils sont beaucoup plus véridiques que ceux de Rubens et Van Dyck, qui de leur vivant jouissaient d'un plus grand succès commercial en embellissant leurs clients.
L'expression du Pape est tendue, le front froncé ; complètement à l'opposé d'un Raphaël ou d'un Carlo Maratta, qui oscillaient entre des expressions plus ou moins introspectives et affables, mais qui n'atteignaient pas la quasi-agressivité d'Innocent X.
Le portrait est méritoire par sa gamme de couleurs risquée, « rouge sur rouge ». Sur les draperies rouges en fond et sur le fauteuil, ressort un sillon rouge, sur lesquels s'ajoutent les vêtements rouges et blancs du Pape. Cette superposition de tons rouges n'écrase pas la vigueur du visage. Velázquez n'idéalise pas le Pape en lui donnant un ton nacré, mais il le représente rougi avec une barbe emmêlée, plus en accord avec la réalité.
La toile s'inscrit dans l'évolution picturale de Velázquez. On peut voir que sa main est beaucoup plus libre qu'au début de sa carrière, mais que même ainsi, il atteint la même qualité, tant sur les vêtements que sur les objets. Il se rapproche toujours plus des impressionnistes, mais une comparaison avec ce mouvement serait erronée. Il se récupère la tradition coloriste du Titien et de l'école vénitienne.

Postérité

Francisco de Goya en fait une copie vers 1780 ; Pierre Gassier rapproche d'ailleurs cette œuvre des gravures de Goya d'après Velázquez1.
L'artiste contemporain Francis Bacon réalisa 40 interprétations de cette œuvre, dont la célèbre étude d'après le portrait du pape Innocent X par Velázquez.

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